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Une Canadienne marche sur Washington... pour le droit à l'avortement
Cette fin de semaine, des centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, qui représentent plus de 1 300 organisations soucieuses des droits des femmes, des droits civiques, de la santé ou de valeurs religieuses, convergent vers Washington.
Ces personnes vont marcher pour manifester leur opposition aux efforts concertés et délibérés du gouvernement américain pour nier aux femmes de partout un accès intégral au planning familial, aux services de base en santé reproductive, à des services d'avortement sécuritaire et à du counseling et de l'éducation en matière de VIH/SIDA. ![]()
La plus draconienne de ces politiques, appellée communément "la règle du bâillon mondial", empêche toute organisation non gouvernementale (ONG) de l'étranger qui reçoit des États-Unis des subventions de planning familial d'utiliser ses propres fonds, non américains, pour fournir des services légaux d'avortement ou même pour offrir un counseling médical exact ou des références en matière d'avortement. Cette mesure entraîne des décès et des complications inutiles et évitables chez les femmes qui, en désespoir de cause, recourent à des avortements pratiqués dans des conditions insalubres.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue que plus de 500 000 femmes meurent chaque année en raison de problèmes liés à une grossesse et que 70 000 de ces décès sont dus à des avortements non sécuritaires. La politique draconienne des É.-U. va beaucoup plus loin. L'administration américaine entend faire bien plus que simplement restreindre l'accès aux services d'avortement. Un bon tiers des budgets engagés par le gouvernement américain dans la lutte contre le sida vont servir à financer la position implacable du président Bush selon qui l'abstinence jusqu'au mariage devrait être la principale stratégie de lutte contre le VIH/SIDA. Des jeunes femmes qui ne sont pas en mesure de négocier leurs relations sexuelles, en raison de contextes où les hommes ont le dernier mot, vont contracter le sida et vont mourir inutilement, alors que l'accès à des services de base aurait pu leur sauver la vie. Toujours selon les estimations de l'OMS, 50 % des 12 000 nouvelles infections au VIH qui se déclarent chaque jour touchent des femmes. De plus, les jeunes de 15 à 24 ans représentent 50 % des nouvelles infections. Tant que les femmes ne seront pas en mesure de contrôler de façon sécuritaire leur propre vie sexuelle, les programmes de prévention qui se limitent à prôner l'abstinence ne feront qu'aggraver une situation déjà très sombre. Aujourd'hui, les Américaines et les Américains constatent de graves reculs aux États-Unis et à l'échelle mondiale. Voilà pourquoi on les voit descendre dans la rue. Le droit à l'avortement au Canada Avant de nous gratifier d'une impression de supériorité, jetons un bref coup d'oeil à la situation au Canada. Selon une étude marquante menée en 2003 par l'Association canadienne pour le droit à l'avortement, 17 % seulement des hôpitaux généraux du pays offrent des services d'avortement. Au Nunavut et à l'Île-du-Prince-Édouard, l'avortement est tout simplement inaccessible. Lorsque des hôpitaux catholiques fusionnent, ce sont le plus souvent les services d'avortement et de stérilisation qui sont supprimés. Il y a également d'autres raisons expliquant la baisse de l'accès aux services d'avortement. De moins en moins de facultés de médecine offrent la formation aux procédures d'interruption de grossesse, et beaucoup de praticiens d'avortement prennent leur retraite ou cessent d'offrir des services d'avortement en raison des menaces portées contre leur vie. Un rapport financé en 2003 dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le VIH/SIDA de Santé Canada a constaté que les jeunes de neuvième et onzième année étaient moins bien informés sur le VIH et la sexualité que des élèves interrogés dix ans plus tôt. Autre fait troublant, certains de ces jeunes s'imaginaient qu'il existe maintenant un vaccin de prévention du VIH/SIDA et environ 66 % des élèves de septième année et 50 % des élèves de neuvième année ignoraient l'absence de remède pour le VIH/SIDA. Non, nous aurions tort de nous bercer d'illusions de supériorité, ni à domicile ni pour les femmes et pour leurs familles du monde entier. C'est pour ces raisons qu'il est nécessaire de marcher, pour les femmes du Canada, des États-Unis et pour toutes les femmes du monde, pour qu'elles aient le droit de décider si et quand elles auront des relations sexuelles et avec qui et pour qu'elles disposent de services complets, afin de donner un ancrage à la notion que les droits des femmes signifient pour elles un contrôle véritable de leurs vies sexuelle et reproductive.
Katherine McDonald, directrice générale d'Action Canada pour la population et le développement, marchait à Washington ce dimanche, 25 avril 2004, en portant un drapeau canadien. |
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